Qu'est-ce que l'évitement?

Evitement

Lorsque nous ressentons de la peur face à une situation jugée dangereuse, ou aversive, la réaction naturelle et de tenter de s’extraire le plus rapidement possible de cette situation afin de se protéger d’un danger, ou des conséquences négatives associées à cette situation. 

Lorsqu’il y a un danger imminent ou potentiel, cela peut nous sauver la vie ou du moins préserver notre intégrité physique: 

Exemple 1 : Je suis en voiture sur une route départementale et j’aperçois un sanglier au milieu de la route. Je l’évite, en freinant ou en faisant un écart je me protège d’éventuelles blessures dues à un accident. 

Exemple 2 : Si je touche une clôture électrique et que je prends une décharge, je vais avoir tendance à ne pas réitérer l’expérience pour ne pas avoir à ressentir à nouveau la douleur provoquée par la décharge. 

Quand l'évitement devient un problème....

Arachnophobie 1

Qu’en est-t-il de la petite araignée croisée dans le fond du placard à balais…Est-elle vraiment si dangereuse ? 

« Elle n’est certainement pas si dangereuse mais elle me dégoute, elle est moche avec ses pattes velues et ses gros yeux, elle me regarde de travers, elle veut me sauter dessus et me courir partout sur le corps ! J’ai peur! Ces bestioles ne devraient pas exister.. « 

Ma mission au quotidien : Me préserver de tout ça !! Eliminer les risques !!

  • Prévention extermination : Je file au supermarché et j’achète de l’insecticide, j’en pulvérise partout en prévention.
  • Vérification : Je passe l’aspirateur partout sur les murs et dans les coins et recoins. Je vérifie régulièrement les endroits à risque. Mais vider le sac de l’aspirateur : trop risqué il pourrait y en avoir une dedans…
  • Je cartographie les endroits à risque ++ (grenier, cave, cellier, garage…) et je me débrouille pour ne pas y aller. 
  • Si par malheur il restait une toile quelque part je n’y touche pas, je me cache je me mets en sécurité. 

Vous vous reconnaissez peut-être dans les comportements mis en place pour éviter une situation ou un objet qui génère de la peur. 

Arachnophobie

L'évitement, une stratégie aux multiples facettes

Il faut savoir avant tout que l’évitement est une réaction instinctive et donc normale. Cela s’apparente à la réaction primitive de fuite face à un danger réel ou potentiel. Cette réaction est régie par le cerveau et la structure de la peur dans le cerveau est l’amygdale.

 L’évitement prend de multiples formes : 

  • L’évitement massif : Je ne fais pas…ou je ne vais pas à … je ne regarde pas…je ne parle pas de….je laisse….faire à ma place. 
  • Les comportements de sécurité ou conduites contra-phobiques : anxiolytiques, alcool, vérification, se faire accompagner de quelqu’un, utilisation d’objets de protection… 
  • La distraction: permet de diminuer la perception de ce qui nous parait négatif. ex : j’écoute de la musique je regarde des séries TV ou je regarde mon téléphone.  
  • La rumination : Je pense au pourquoi du comment pour ne pas réfléchir de façon concrète à mon problème et à ce qui pourrait m’aider à le résoudre.  
  • La procrastination : Je repousse au maximum certaines tâches à accomplir pour ne pas me confronter à une situation difficile ou angoissante. 

 

Alors éviter les araignées...efficace ou pas efficace?

Avantages

inconvénients

  • J’ai l’impression que tout est sous contrôle (ou presque)
  • Je n’ai plus peur (ou presque) 
  • Je suis soulagé instantanément dès que je n’ai plus à faire à ces bestioles…..

Je sais que les araignées qu’on croise chez nous ne sont pas dangereuses et que ma peur est irrationnelle. 

Les autres ne comprennent pas ma peur parfois même ils se moquent de mes manies.

C’est un peu lourd quand même et je perds du temps à tout vérifier et nettoyer. 

Je m’empêche de faire des choses que j’aurai aimé faire pourtant…J’ai annulé un week-end prévu avec des amis dans une maison de campagne….

La balance semble peser plutôt du côté des inconvénients. 

Les stratégies d’évitement conduisent progressivement à réduire notre champ d’action et les opportunités de vivre des expériences positives. Ex: Annulation d’activités de loisir, isolement, enfermement, dépendance….

L’évitement peut conduire à des affects dépressifs sur le long terme. 

La phobie = une réaction conditionnée

On considère que les phobies comme beaucoup d’autres réactions anxieuses sont acquise par un mode d’apprentissage particulier que l’on nomme le conditionnement. 

Comment apprend-on à devenir phobique ?

A un moment un stimulus qui au départ ne déclenche aucune réaction particulière est associé à un autre stimulus ayant des caractéristiques aversives. Ce dernier à lui seul peut déclencher une réaction de peur et un comportement d’évitement. 

Exemple 1 : Je vois une araignée et ma mère hurle en mettant sa tête entre ses bras. J’ai peur car le fait de voir ma mère hurler me renseigne sur un potentiel danger. Je vais me cacher. Conséquences : J’ai déduis que le fait de voir une araignées pouvait représenter un danger. 

Exemple 2 : J’ai parlé à un monsieur que je ne connais pas à la caisse du supermarché et mon père me dit tu ne dois pas parler aux inconnus c’est dangereux… Conséquences : J’ai peur de parler aux inconnus.

Exemple 3 : J’ai voulu raconter quelque chose à un groupe d’ami et j’ai été humilié, on s’est moqué de moi. Conséquences : J’ai peur de prendre la parole devant un groupe. 

Exemple 4 : Je suis allée faire une prise de sang et en voyant le sang couler dans le tube j’ai fait un malaise. Conséquences : J’ai peur des piqûres….

L’association de deux stimuli peut créer une trace mnésique (un apprentissage) qui va transformer une situation potentiellement neutre sur le plan émotionnel en situation déclenchant la peur par un phénomène d’apprentissage. 

Les organismes vivants ayant un réflexe archaïque les poussant à tenter de rechercher les situations qui procurent du plaisir (système de récompense) et à tenter d’éviter les stimuli qui ont des conséquences négatives pour eux. Sachant cela une personne qui associe une conséquence négative à la présence d’un stimulus va tenter de ne plus entrer en contact avec ce stimulus qui est associé à une douleur, un désagrément ou une émotion négative. 

 La peur conditionnée n’échappe pas à cette règle et si une situation est désormais associée à la peur, la personne phobique va tout faire pour ne plus se retrouver confronté à celle-ci. En agissant ainsi la réaction de peur persiste car la situation reste toujours injustement associée à des conséquences négatives. 

Comment se débarrasser d'une phobie alors?

affronte ta peur

Lorsque l’on a conscience que la situation ne représente pas un réel danger mais que la réaction de peur persiste on peut utiliser le phénomène d’habituation

 On va effectuer un nouvel apprentissage. La situation n’est plus associée à la conséquence négative redoutée, celle-ci perd en crédibilité et la réaction de peur diminue. 

Par exemple : Lorsque la personne qui craint les araignées s’expose à une image d’araignée de façon prolongée, sa réaction de peur va progressivement diminuer. Elle sera moins intense lors des expositions suivantes.

C’est pourquoi la technique de l’habituation est utilisée en thérapie. 

Conclusion : C’est en s’exposant à la situation évitée que l’on soigne sa phobie